Les acteurs du projet Mangoro Baara demain se sont retrouvés dans le Kénédougou, pour faire le bilan des activités menées. C’était, les 9 et 10 décembre dernier, respectivement à Orodara et à Kourinion.
Avec pour objectif de restituer les résultats issus des approches de lutte utilisant le biopesticide Mango Protect, ces ateliers ont regroupé une quarantaine de participants composés d'agents d’agriculture, d'animateurs endogènes des coopératives de producteurs de mangues et de producteurs pilotes. Il s’agissait, pour les organisateurs, que sont les chercheurs du Centre Régional d’Excellence en Fruits et Légumes (CRE-FL), accompagnés par le Centre Ecologique Albert Schweitzer (CEAS Burkina), de restituer les résultats d’évaluation multisites et participative des approches de lutte contre les mouches de fruits, utilisant le biopesticide Mango Protect.
Venus de Bandougou, de Orodara, de Dieri, de Kourinion, de Badara et de Toussiana, localités réputées pour être des zones de forte production de mangues, les participants ont eu la primeur des résultats engrangés. Cela, à travers la présentation des résultats issus du suivi des vergers pilots ainsi que d’enquêtes réalisées auprès des producteurs pilotes. A la suite, l’occasion leur a été donné de discuter avec les chercheurs intervenants dans la mise en œuvre de ces activités. C’est en cela que des recommandations ont été recueilli par les organisateurs, dans le but d’améliorer les actions futures.
De l’importance de la filière mangue….
Au Burkina Faso, la mangue constitue environ la moitié de la production nationale de fruits en volume. La mangue constitue un enjeu économique social et climatique très important au Burkina. En effet la filière mangue génère plus de 15 milliards de chiffres d’affaires par an. En outre, elle contribue à la sécurité alimentaire dans les zones productrices et de couverture végétale limitant les effets de changements climatiques.
Malgré ce poids économique important, les personnes intégrées à ces chaînes de valeur évoluent dans un contexte social et sanitaire peu avantageux. Cela s’explique par les difficultés que rencontre la filière, notamment sur le marché européen à cause des mouches de fruits. Ces mouches des fruits causent des pertes annuelles de 50 à 80 % des productions de mangue, engendrant des dégâts directs et indirects ainsi que des pertes économiques sur le marché des exportations en raison de leur statut d'insectes de quarantaine.
Des pistes de solutions avec beaucoup de limites…
Depuis un certain temps, les efforts consentis pour le développement de la filière et l’avenir même de la production de la mangue sont sérieusement menacés par les mouches de fruits. Ces insectes de quarantaine sont à l’origine de pertes énormes. « En 2017, 163,228 tonnes de mangues ont été interceptées en Europe et détruites à cause des infestations dues aux mouches de fruits », dira le Dr Issiaka Zida, chercheur au CRE-FL. Il ajoutera que les espèces de mouches de fruits les plus redoutables dans les vergers de manguiers au Burkina Faso sont principalement Ceratitis cosyra et Bactrocera dorsalis. Même si plusieurs méthodes de lutte ont été développé dans le but de réduire les dégâts de ces mouches de fruits et améliorer la productivité des vergers de manguiers, force est de reconnaître qu’il y a des limites. « Les méthodes disponibles sont efficaces mais demeurent très coûteuses et indisponibles sur le marché local », souligne M. Tassembedo Boureima, Responsable suivi-Evaluation au CRE-FL. Parallèlement, les produits utilisés ne sont pas autorisés dans le cadre de la production biologique qui représente la part importante du marché de la mangue d’exportation.
Des alternatives pour soulager les producteurs…
Dans l’objectif de développer une offre locale et de rendre les coûts accessibles aux producteurs, les chercheurs du CRE-FL ont initié depuis 2014, la mise au point de produits de lutte accessibles et respectueux de l’environnement.
En collaboration avec le CEAS depuis 2020, ces recherches ont abouti à la mise au point du biopesticide Mango Protect, pour lutter contre les mouches de fruits. Dans le cadre du projet « Mangoro Bara Demain », cette technologie est en train d’être mise à l’échelle, en vue de contribuer à préserver les vergers de manguiers des attaques des mouches de fruits et d’augmenter les revenus des ménages ruraux par un meilleur accès des producteurs de mangues aux biopesticides.
C’est dans ce sens, que des essais multi-locaux ont été mise en place en 2024, sur financement du CEAS, pour promouvoir l’adoption du produit Mango Protect par les producteurs de mangues avec l’implication des agents d’agriculture et des animateurs endogènes des coopératives de producteurs de mangues, chargés d’apporter un appui technique aux producteurs pilotes. Selon le producteur, M. Barro Siaka, l’utilisation de cette technologie permet véritablement de diminuer la population des mouches de fruits. « Ce produit pourra nous aider à mieux profiter de notre production dans le verger », a laissé comprendre ce producteur.
Pour le chargé de projet du CEAS, M. Badiané Diané, c’est rassurant que les producteurs apprécient la technologie Mango Protect. « Il reviendra au projet de trouver des voies et moyens afin produire massivement le produit pour la mise à leur disposition », a-t-il conclut.
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Les participants de l'atelier de Kourinion |
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Les participants de l'atelier de Orodara |
Flavienne Valérie Sawadogo
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