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mardi 27 septembre 2022

Elevage et sécurité alimentaire au Burkina : La vulgarisation, au cœur des échanges entre les acteurs

 Prendre en compte les préoccupations des producteurs dans les activités de recherche à travers un cadre de concertation entre chercheurs et structures de vulgarisation, c’est ce qui réunit chercheurs, écoles, instituts et universités de formation professionnelle, structures de vulgarisation, partenaires LSIL et projet Equip. L’ouverture de l’atelier du conseil scientifique et technique de vulgarisation des technologies et innovations en productions animales et halieutiques (CSTV)est intervenu le lundi 26 septembre 2022 dans la salle de conférence de l’hôtel Silmandé de Ouagadougou. 

Quelques participants ont posé pour la photo de famille

 

Placée sous la présidence du Ministre en Charge de l’Agriculture, des Ressources Animales et Halieutiques, le Dr Innocent Kiba, la cérémonie à regroupé une soixantaine de participants, tous autant qu’ils sont, acteurs majeurs du secteur de l’élevage.

Ce secteur apporte au Burkina Faso, une contribution de 18% au Produit Intérieur brut (PIB) et près de 26% des exportations en valeur, selon la Politique nationale de développement de l’élevage (PNDEL, 2010). Le pays a une vocation agropastorale, en témoigne l’importance de son cheptel. En effet, l’élevage constitue un secteur clé de l’économie burkinabé. Il concerne plus de 80% de la population, principalement avec les bovins, les caprins, les ovins et la volaille.

L’élevage contribue à coup sûre à la lutte contre la pauvreté, le chômage, l’insécurité alimentaire et l’amélioration des productions végétales. Cependant, force est de reconnaître que ce secteur est confronté à des contraintes qui contribuent à limiter son plein essor. Certes, des technologies prometteuses sont disponibles grâce à la recherche. Pourtant, elles ne sont malheureusement pas souvent accessibles aux éleveurs, par manque de stratégies de vulgarisation adéquates. Cela s’explique souvent par la méconnaissance de la disponibilité de ces trouvailles, dû à la faiblesse des liens institutionnels fonctionnels entre les structures en charge de la recherche, les services de vulgarisation agricole et les producteurs.

« Le sous-secteur de l’élevage rencontre beaucoup de difficultés dont la plus importante est l’absence de meilleures appropriations des technologies disponibles par les producteurs », selon les propos du ministre en charge de l’agriculture et des ressources animales, le Dr Innocent Kiba. C’est pour venir à bout de ces difficultés que cet atelier du Conseil scientifique et technique de vulgarisation des technologies et innovations en productions animales et halieutiques (CSTV) a été voulu. Et le Dr Kiba de renchérir qu’il s’agira de faire en sorte qu’on ait davantage de concertations qui impliquent tous les acteurs à savoir les chercheurs, les vulgarisateurs et les producteurs, afin de prendre en compte leurs besoins dans la formulation des activités de recherche.

Le Dr Innocent Kiba a présidé la cérémonie d'ouverture de cet atelier
En effet, le CSTV a pour objectif de renforcer de manière durable les mécanismes de liaison Recherche-Développement et définir les meilleures stratégies de diffusion à grande échelle des technologies et innovations éprouvées issues de la recherche au profit des acteurs (producteurs, commerçants et transformateurs, etc.). Il est accompagné dans cette lancée, par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI), à travers l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA) ainsi que d’autres partenaires comme l’USAID, le PRAPS-B, le PADL-B, le PDPS, les provendiers, les semenciers, la SNV, le FSI, l’UFL, l’ILRI, etc.

L’Université de Floride est un partenaire de choix pour la mise en œuvre des différentes activités. C’est ce que son représentant, Mr Fousseni Ouattara a laissé comprendre lorsqu’il a dit que « la tenue de l’atelier du CSTV est l’une des contributions de l’université de Floride à travers le Laboratoire d’innovation pour les systèmes d’élevage dénommé Feed the future ». Pour lui, la mission de ce laboratoire est d’améliorer le système d’élevage des petits ruminants afin d’impacter la vie des éleveurs vulnérables.

Mr Fousseni Ouattara, consultant auprès de l'Université de Floride a représenté le Directeur du laboratoire Feed the Future

Ainsi, pendant les 72 heures seront l’occasion pour les participants de revoir les recommandations de la rencontre de concertation de juillet 2021 à Ziniaré, réfléchir sur une éventuelle révision de l'arrêté du CSTV pour prendre en compte les modifications effectuées dans le cadre la fusion des 2 ministères. Ils devront aussi présenter le bilan des activités, les technologies et innovations développées dans le cadre du projet EQUIP et LSIL du laboratoire Feed the Future innovation lab for livestock systems, coordonnés par le Dr Nouhoun Zampaligré, définir des stratégies de diffusion à grande échelle des résultats de la recherche notamment du projet EQUIP et LSIL dans le sous-secteur de l'élevage au Burkina Faso. De plus, ce sera aussi l’occasion de planifier la formation des formateurs sur l'utilisation des technologies et innovations développées par le projet EQUIP. Et pour finir le chapelet des activités, l’assistance visitera des champs écoles fourragers de l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA) dans les zones pastorales de Sondré Est et Niassa dans le Centre Sud.

Une batterie d’activités qui, selon Mr Fousseni Ouattara, permettra de renforcer les capacités des acteurs, de diffuser les technologies adaptées à la production et aussi, d’améliorer leurs revenus à travers des productions durables tout en respectant l’environnement.

 


vendredi 16 septembre 2022

Alimentation des animaux : Des éleveurs de porcs outillés pour produire leurs propres aliments

Les membres de la Maison des Éleveurs de Porcs (MEP) et d’autres éleveurs individuels, sont désormais aptes à produire de quoi nourrir leurs animaux. Leurs compétences ont été renforcé les 8 et 9 septembre dernier au sein de la Direction Régionale de Recherches Environnementales et Agricoles de l’Ouest (DRREA-O). La session était placée sous la présidence du coordonnateur du Centre National de Spécialisation en Fruits et Légumes (CNS-FL) et la présence effective du Chef de Service Scientifique et Techniques, Mr Seydou Sanou, représentant le Directeur Régional.   

Permettre aux éleveurs de maîtriser les techniques de production d’aliments pour animaux à base de sous-produits de mangues, de maniocs et d’asticots, c’est en l’état l’objectif visé par l’organisation de cette formation. Au profit d’une vingtaine d’éleveurs, membres de la Maison des Eleveurs de Porcs (MEP) et d’autres éleveurs individuels, l’initiative était du Programme Monogastriques et Elevages non Conventionnels du Département Production Animale. « C’est une alternative à la faible disponibilité et au coût cher des aliments pour porcs par le recours aux ressources non conventionnels », a laissé entendre le Dr Kiendrebéogo Timbilfou, coordonnateur DPA et initiateur de la session. 

Le Dr Kiendrebéogo Timbilfou, coordonnateur DPA

En effet, le sous-secteur de l’élevage constitue un pilier important de l’économie nationale du Burkina Faso, à côté de l’agriculture. Il contribue de façon inestimable à la lutte contre la pauvreté, le chômage, l’insécurité alimentaire et à l’amélioration des productions végétales. Malheureusement, force est de constater que ce secteur reste confronté à des difficultés qui limitent son plein essor. Au nombre de ces difficultés, figure en bonne place l’alimentation des animaux avec la faible disponibilité et le coût des intrants alimentaires. La plupart des éleveurs éprouvent d’énormes contraintes pour apporter de l’aliment de qualité à leurs animaux. Singulièrement, l’élevage intensifs de porc et de poulets est en mal. Le maïs qui est la principale source d’énergie de ces animaux est passé du simple au triple. « Le sac de maïs de 100 KG est passé quasiment de 12.000 FCFA à près de 35.000 FCFA », se désole le Dr Kiendrebeogo. Parallèlement, le poisson qui est la principale source de protéines animales, n’est pas en reste. Son cours, même s’il n’a pas connu d’augmentation exponentielle, reste cher pour les éleveurs et son approvisionnement connait des ruptures.
C’est une situation qui met en mal le développement de l’élevage dans toutes ses formes, mettant les acteurs intervenant dans le domaine, dans l’impasse. 

  

Quelles alternatives à la faible disponibilité des aliments ?

Pour soulager un tant soit peu les éleveurs, la recherche a mise au point des technologies de production d’aliments basées sur le recours aux aliments non conventionnels afin de réduire les coûts de production.

Il s’agit des procédés de production d’aliments à base de sous-produits de mangue et de manioc ainsi que de production de concentré d’asticots. Ces procédés ont été testés et ont montrés leurs preuves. Censés être une solution pour booster la disponibilité à faible coûts des aliments en vue d’assurer la survie des élevages et améliorer leur productivité, ces procédés sont malheureusement très peu connus et utilisés par les éleveurs.

C’est pourquoi, l’organisation de cette session constituée de phases pratique et théorique, était une nécessité. Elle a permis aux apprenants de mieux se familiariser avec le procédé de production des provendes à base de sous-produits de la mangue et du manioc, mais aussi les techniques de production d’asticots (larves de mouches domestiques).

En rappel, selon Dahouda et al., 2009, un aliment non conventionnel est un aliment d’origine végétale, animale ou minérale, très  peu  ou  pas  exploités,  non concurrentiel avec l’alimentation  humaine, peu  connu des éleveurs. A la différence, les aliments conventionnels sont ceux qu’on a l’habitudes d’utilisés et qui sont considérées comme classiques. La mise au point de ces technologies ne date pas d’aujourd’hui, selon le coordonnateur du CNS-FL, le Dr Vianney Tarpaga. « Elle a été l’une des dernières activités acceptées dans le cadre du Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO). Et c’est elle qui a été le résultat phare au bilan du projet », a-t-il conclu. 

Le Dr Vianney Tarpaga, coordonnateur du Centre National de Spécialisation en Fruits et Légumes (CNS-FL)

L’accessibilité de ces sous-produits n’est pas une contrainte, rassure celui qui est l’initiateur de ces technologies, le Dr Kiendrebeogo Timbilfou. En effet, en ce qui concerne la mangue, une grande quantité de résidus tels que les noyaux, les peaux et les mangues déclassées, émanent des usines de transformation comme DAFANI.

Quant au manioc, des unités de production d’attiéké existent à Orodara et à Bobo-Dioulasso. Elles génèrent suffisamment d’épluchures pouvant être utilisées pour produire de la farine provende.

C’est dire donc que le problème de l’insuffisance d’aliments pour l’alimentation des animaux peut se résoudre, si les éleveurs s’approprient cette technologie innovante. En attendant, la recherche se dit disponible pour accompagner tous les éleveurs dans la quête de cette connaissance.

Residus de mangues

Production d'asticots

Tas d'asticots produits