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mercredi 13 novembre 2019

Le Zaï, un système d’agriculture idéal pour les zones moins arrosées !


Source de l'image : Research Gate
Dans certaines de nos précédentes publications, nous avons beaucoup parlé du Zaï. Mais pour le commun du profane, il n’est pas évident de pouvoir le définir, encore moins le reconnaître parmi beaucoup de techniques agricoles.
Nous avons jugé utile de revenir sur cette technique qui a beaucoup contribuer à améliorer la productivité de nos braves producteurs, dans un phénomène de changements climatiques, où les petits exploitants peinent à avoir le nécessaire pour nourrir leurs familles.

Qu’est-ce que c’est que le Zaï ?

Zaï, vient du mooré, une langue du Burkina Faso. Il signifie « prendre jusqu'à la dernière partie ». En d’autres termes, Zaï veut dire « pouvoir travailler même sur des sols incultes. Il est conseillé sur des terrains plats ou à douce pente et déconseillé sur des labours.
Le Zaï est une ancienne technique dogon de récupération et de restauration des sols. Le système a été amélioré au Burkina Faso afin de récupérer et restaurer les terres dégradées dans le plateau central, le centre nord et le nord du pays. Il est utilisé par la population de ces zones pour la simple raison que les sols y sont arides et la pluviométrie faible. Les producteurs se servent de cette technique pour  améliorer leurs rendements agricoles.

Comment se présente le Zaï ?

Les Zaï sont de petits trous creusés en ligne dans le champ, tout en respectant une certaine distance (10 cm environ) entre eux. La largeur du trou, en forme de calebasse, se situe entre une dizaine et une vingtaine de cm.
Une fois ces trous creusés, il faut y mettre du fumier ou du compost, un peu de terre pour éviter que le vent les emporte et pour enrichir le sol. Les Zaï sont creusés généralement à partir du mois d’avril en période de forte chaleur. Cela permet d’attendre les premières pluies qui viennent généralement de mi-mai à fin juin. En général, on peut commencer la semence dès la première pluie.
Le Zaï permet donc de recueillir et de garder les eaux de pluie pendant une longue période puisqu’elles s’évaporent moins vite. Un autre avantage dans l’utilisation du Zaï, c’est que l’humus que l’on ajoute au trou contribue aussi à la création de poches d’eau dans le sol. Le Zaï permet la récupération des terres mais il empêche aussi l’érosion et les ruissellements.


 Des contraintes oui, mais que temporairement…

Faire du Zaï nécessite beaucoup d’efforts. Comme le dit mon oncle à Pouni,  village situé à quelques kilomètres de Kongoussi, dans la Province du Bam, « ce n’est pas le travail des paresseux ». En effet, il faut passer des heures et des heures à creuser les trous. Ensuite, on doit remplir tous ces trous de matière organiques et déposer un peu de terre dessus.
Cependant, lorsque le Zaï est fait, le cultivateur a abattu presque la moitié de son travail puisqu’il n’aura besoin de désherber son champ qu’une seule fois au lieu de trois comme c’est le cas habituellement. Le travail devient alors moins pénible et le producteur à plus de temps pour s’occuper d’autres activités.
En plus, lorsque système est bien fait, la saison qui suit devient moins fatigante. Le Zaï permet d’ailleurs de multiplier trois à quatre fois plus la production comparativement à un sol ordinaire.
Souvent, on peut y ajouter les cordons pierreux (qui feront l’objet d’un autre article) pour lutter contre l’érosion.

La technique de récupération des terres perdues par le Zaï vient résoudre le problème foncier dû à la pression démographique d’une part et favoriser la rentabilité de la production agricole d’autre part.
Son succès est tel qu’il a été récupéré et popularisé par les agronomes. Il s’est exporté dans des pays comme le Mali et le Niger. Certains pays de l’Afrique de l’Est sont même en train d’adopter la pratique.


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