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vendredi 31 mars 2023

Mouches des fruits de la mangue : les acteurs produiront désormais leurs bio-pesticides

 


Les techniciens de l’agriculture et les producteurs de mangues du Hoeut et du Kénédougou pourront désormais produire leurs bio-insecticides pour lutter contre la mouche des fruits du manguier. Ils ont reçu une formation de manière participative à la production des formulations hydroalcooliques, du 27 au 30 mars 2023, à Orodara. La cérémonie de cet atelier était placée sous la présidence de Mme Directrice Provinciale de l’Agriculture, des Ressources Animales et Halieutiques du Kénédougou, Haoua Yaro.  

Les participants ont procédé à l'application de la formulation faite par eux-même dans un verger

 

Ce sont au total, une vingtaine de participants-formateurs, composés de techniciens de l’agriculture (DVRD) et producteurs (APROMAB, UNPMB), qui ont reçu la formation sur la production des formulations hydroalcooliques. Entrant dans le cadre des activités du projet AAP7- 0130 dénommé « Diffusion de formulations hydro-alcooliques de substances végétales contre les mouches des fruits du manguier au Burkina Faso », la session de formation s’est déroulé sur trois jours. Des modules dispensés par les formateurs en salle, aux applications des formulations dans les vergers, en passant par la formulation proprement dite de ces bio-pesticides, les participants ont été suffisamment outillés pour lutter efficacement contre les mouches des fruits, à moindre coût. Les extraits concernés étaient le formulations hydroalcooliques de Capsicum annuum et Strophantus hispidus.

 

Plus spécifiquement, l’occasion a servi à ces derniers, de mieux faire connaissance et de reconnaître les mouches des fruits, leur cycle de vie, leurs dégâts ainsi que les méthodes de luttes existantes contre ces ravageurs. A l’issu de cela, ils ont procédé à la préparation des formulations concernées avant de les appliquer dans les vergers de mangues.

 

Les mouches des fruits de la mangue, un véritable fléau pour la filière !

La filière mangue au Burkina Faso

Jusqu’en 2018, la production de mangue a générait en moyenne 15 milliards  de  FCFA par an au Burkina Faso pour une production estimée à 197.000 tonnes. La chaine de valeur mangue au Burkina Faso est pourvoyeuse d’emplois. Elle constitue un enjeu économique, social et climatique très important. En outre, elle contribue à la sécurité alimentaire et sert de couverture végétale limitant les effets du changement climatiques dans les zones productrices. Les activités entrant dans le cadre de la filière mangue occupent environ 28.000 personnes, leur procurant un revenu substantiel.

Cependant, force est de reconnaître que depuis quelques années, la filière est confrontée à de nombreuses difficultés au nombre desquelles, il y a les attaques des mouches de fruits. Ce fléau entraine une baisse de la production de l’ordre de 15%.  Les principales mouches responsables de ces dommages sont celles de la famille de Ceratitis,  de  Bactrocera  et de Dacus.  Elles peuvent occasionner des pertes allant jusqu’à 85% de la production, si aucun  contrôle  phytosanitaire  approprié  n’est mis  en  place  (Cisse,  2019).  Parallèlement, elles sont la cause d’énormes interceptions sur le marché Européen, hypothéquant ainsi les opportunités d’exportation et impactant négativement sur l’économie nationale. « Rien qu’en 2022, le pays a enregistré 22 interceptions », dira la coordonnatrice du projet, le Dr Rabieta Semdé, avant de conclure que malheureusement, le coût de la destruction de ces cargaisons incombe au pays. 

 

Pour le Dr Rabiéta Simdé (à droite), coordonnatrice du projet, les dégâts de la mouche des fruits coûtent chère au pays

Pour lutter contre ce fléau, plusieurs méthodes de lutte ont été mises en place, allant de la lutte prophylactique à l’utilisation d’appâts protéiques chimique,  en passant par la lutte biologique,  la  technique  de  l’insecte stérile,  le piégeage  de  masse, etc. (Bokonon-Ganta et al.,  2007). Malheureusement, la plupart d’entre elles connaissent des limites telles que l’utilisation abusive des substances chimiques qui entraine la résistance des mouches de fruits, les intoxications alimentaires ainsi que la pollution de l’environnement, dues aux résidus de pesticides. En outre, les coûts élevés de certains produits sont de nature à décourager les producteurs, d’où l’urgence de trouver d’autres alternatives. 

Soulager les producteurs de mangues

Afin de venir à bout de ces mouches des fruits et à moindre coût, la recherche a développé des initiatives sur l’utilisation d’extraits de substances végétales. Ces extraits sont disponibles, biodégradables et capables de préserver l’environnement et la santé humaine. En plus d’être plus efficaces, ils sont plus respectueux de l’environnement et répondent aux exigences du marché. Une ébauche de solution, s’ils sont connus des producteurs. C’est dans cette optique que le projet « Diffusion de formulations hydro-alcooliques de substances végétales contre les mouches des fruits du manguier au Burkina Faso », a organisé cette session de formation, en vue de vulgariser à grande échelle ces formulations.

Sous la coordination de l’Institut  de  l’Environnement  et  de Recherche  Agricoles  (INERA), il est financé par le Fonds National de la Recherche et de l’Innovation pour le Développement (FONRID). Ses partenaires sont entre autres, le Ministère  de l’Agriculture à travers la Direction de la Vulgarisation, Recherche Diffusion (DVRD),  l’Association  Interprofessionnelle  Mangue  du  Burkina (APROMAB) et  l’Union  Nationale  des  Sociétés Coopératives  des  Producteurs  de  Mangue  du  Burkina  (UNPMB).

 
Les participants sont repartis munis des différents modules pour plus d'efficacités sur le terrain !

Flavienne Valérie SAWADOGO