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vendredi 19 août 2022

Riziculture : WAGRINOVA veut mettre à l’échelle les technologies prometteuses

Les acteurs du projet “Co-innovations across scales to enhance sustainable intensification, resilience and food and nutritional security in water-managed agricultural systems in West Africa”, WAGRINOVA se sont retrouvés le mercredi 10 Août 2022 à Banfora, pour un atelier de restitution des résultats des activités.


Placé sous la présidence du Directeur Régional de Recherches Environnementales et Agricoles de l’Ouest, Mr Vinvent Dao, l’atelier a connu la présence du Directeur Régional de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, le Dr Sébastian Kiema, le Directeur Régional de l’Agriculture des Ressources Animales et Halieutiques des Cascades, Mr Marius Sanon, ainsi que des Directeurs Provinciaux en charge de l’Agriculture de la Comoé et de la Léraba.

Selon le président de la cérémonie, Mr Vincent Dao, cette rencontre a pour objectif de présenter les résultats des diagnostics de base et approfondis, ainsi que les  tests de co-innovations et de diffusion des technologies réalisés durant les trois années du projet, et décliner les stratégies de mise en échelle des technologies prometteuses identifiées.

 
Le présidium de la cérémonie d'ouverture !

Aperçu de la riziculture irriguée et de bas-fond dans la zone des Cascades

Des études ont préalablement été faites afin d’avoir une notion plus large sur la riziculture dans cette zone du Burkina Faso.

« Pour la riziculture de bas-fond, il ressort que la région des cascades a un fort potentiel agricole avec un nombre important de bas-fond (traditionnels et aménagés). C’est une écologie majoritairement occupé par des femmes avec pour principale activité, la riziculture », a fait comprendre le Dr P. Louis Yaméogo, chercheur à l’INERA et membre de l’équipe du projet. Pourtant, force est de reconnaitre que la zone fait face à de nombreuses contraintes, a-t-il regretté.

Il s’agit des contraintes socio-économiques, dont les plus importants sont le mauvais fonctionnement des groupements des producteurs et le manque de moyen de travail.

Pour ce qui est des contraintes environnementales, on note les fortes variabilités climatiques, l’indisponibilité de l’eau et la pauvreté des sols.

En termes de contraintes techniques, il y a l’inadaptabilité des variétés, les mauvaises pratiques de gestion de la culture et de la fertilité des sols.

L’écologie irriguée, même si elle est plus organisée, est aussi confrontée à des contraintes. On y enregistre le manque de moyen de travail, la dégradation des réseaux d’irrigation, la forte compétition autour des ressources en eau, la dégradation des sols, les mauvaises pratiques de gestion de l’eau à la parcelle, de la culture et de la fertilité des sols.

En plus de ces contraintes, beaucoup de producteurs ne respectent pas les Bonnes Pratiques Agricoles (BPA). La plupart d’entre eux utilisent abusivement les herbicides. En fin de compte, la riziculture n’arrive plus à s’épanouir avec une productivité moyenne tournant entre 800 kg pour les bas-fonds et 4 t/ha pour le riz irrigué, pour des variétés dont le potentiel est estimé à plus de 6 t/ha.

Les participants ont posé pour la photo de groupe à l’issue de la cérémonie d'ouverture !

 

WAGRINOVA, une bouée de sauvetage pour la filière riz dans les Cascades

La riziculture dans les Cascades pourrait apporter beaucoup dans l’économie du pays, pour peu qu’elle puisse mieux se développer et s’intensifier de façon durable. C’est justement là qu’intervient le projet WAGRINOVA.

Avec son approche participatif et multidimensionnel, le projet a été exécuté en trois phase dont une phase préparatoire, une phase de co-innovation et une phase de partage de connaissance, avec en toile de fond le renforcement des capacités des acteurs pour une utilisation efficiente des ressources identifiées et validées. Et le Directeur Régional en charge de la recherche, le Dr Sébastien Kiema de souligner la nécessité de collaboration entre les différents acteurs : « à travers ce projet, on se rend compte que l’agriculture et la recherche sont complémentaires », a-t-il relevé.

Au départ, dix (10) périmètres dont cinq (05) en irrigué (Karfiguela, Sindou, Douna, Zoungou et Banzon) et cinq (05) en bas-fond (Toumousseni, Serefedougou, Koutoura, Loffing, Bakandi) ont été identifiés. Deux sites ont été retenus pour l’écologie irriguée notamment Karfiguela et Sindou, dans la région des Cascades et trois (03) pour l’écologie bas-fond, notamment Toumousseni (Cascades), Loffing et Bakandi dans la région du Sud-Ouest.

Pendant les trois (03) années de mise en œuvre du projet, plusieurs activités ont été menées.

Il s’agit d’abord de l’étude de base d’identification des contraintes, à travers la caractérisation des sites, des organisations des producteurs et la gestion des exploitations.

De plus, un diagnostic approfondi des sites retenus a été réalisé, à travers la caractérisation des systèmes de cultures et l’étude des potentialités des eaux souterraines.

Toujours au titre des activités, notons que des expérimentations de co-innovation ont été menée sur trois ans (2018-2019-2020). Cela a permis de faire :

-       Des tests de variétés adaptées (NERICA 4, FKR 84, KBR 4, FKR 61), afin de retenir les variétés les plus adaptées ;

-       Des tests des options de fertilisation ;

-       La diffusion à l’échelle du champ, à travers des tests de démonstration des bonnes pratiques agricoles et des visites commentées constituant un cadre d’échange entre les différents acteurs du monde agricole ;

-       Le renforcement de capacités avec la formation des producteurs et agents d’encadrement, des étudiants (ingénieur, master et doctorat) ;

-       La production de ressources, notamment les articles scientifiques, les documents de vulgarisation (fiches techniques, posters), les « policy briefs » et les vidéos de vulgarisation.

Ainsi, les Bonnes Pratiques Agricoles (BPA), notamment le bon choix variétal, la gestion efficiente de la fertilité du sol, la préparation des sols et la gestion de la culture en condition de bas-fond, et en irriguée sont autant de procédés qui permettront de mieux produire le riz dans ces zones.

Pour rappel, le projet WAGRINOVA est un projet Leap-Agri co-financé par l’Union Européenne et l’Agence Française de Développement (AFD) pour adresser la question cruciale de la sécurité alimentaire des populations à travers l’intensification durable de la production agricole, la production diversifié et orienté vers le marché, l’utilisation efficiente des ressources en eau, des intrants, l’énergie et la technologie tout en minimisant la dégradation de l’eau et du sol, et améliorer la résilience par le renforcement des capacités des parties prenantes. Il a pour objectif de lutter contre l’insécurité alimentaire. Il est exécuté dans 4 pays dont un pays européen (Espagne) et trois pays africains dont le Burkina Faso en plus du Sénégal et du Ghana. Il est exécuté au Burkina Faso par une équipe de chercheur de l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA), de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), le Centre International de Coopération en Recherche Agricole pour le Développement (CIRAD), et en collaboration avec les Directions Régionales de l’Agriculture et des Ressources Halieutiques des Cascades et Sud-Ouest, ainsi que les organisations des producteurs des bas-fonds et périmètres rizicoles concernés.