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mercredi 27 juillet 2022

Dessèchement du manguier : La Coopération Brésilienne sur les traces du fléau au Burkina Faso


 L'Agence Brésilienne de la Coopération (ABC) est venue s’enquérir de la situation du dépérissement du manguier du Burkina Faso. C’était du 17 au 22 juillet 2022 dernier. Visites d’unités de transformation de mangues, de partenaires dont l'Union Nationale des Producteurs de Mangues du Burkina (UNPMB) et des pépiniéristes, de labos, et de vergers atteints par le dessèchement du manguier, ce sont les grandes lignes qui ont émaillées ce séjour au Burkina Faso.

En ce qui concerne la visite d’unités de transformation de mangue, la délégation a pu voir l’usine Paoline au quartier Lafiabougou, une usine qui est dans la transformation fruitière depuis plus de 15 ans. Toujours dans la catégorie des usines, nos hôtes se sont rendu sur le site du terminal fruitier de Bobo-Dioulasso où il leur a été donné de découvrir une autre façon de valoriser les déchets, dont ceux de la mangue avec le Dr Adèle Ouédraogo de l'Institut de Recherche en Science Appliquées et Technologique (IRSAT). Il s’agit de leur transformation en compost. En effet, ce n’est un secret pour personne, les déchets de la mangue sont nombreux. Des mangues pourries en passant par la coque, il y a les feuilles desséchées qu’il faut travailler à rendre utiles. Une technologie en test, qui promet. « Elle permettra plus tard non seulement de diminuer l’utilisation d’engrais chimique, mais aussi au manguier de résister mieux à la maladie du dessèchement », a laissé comprendre le Dr Ouédraogo

Une autre façon de valoriser les déchets du manguier : transformation des feuilles en compost

Pour ce qui est de la visite des partenaires, l’équipe était sur la pépinière de la forêt de Kua pour toucher du doigt leur technique de réalisation des pépinières de mangues avant de se rendre au sein de l'Association Inter Profession Mangue du Burkina (APROMAB). Là, il a été question de discuter avec l’UNPMB sur l’Union et ses activités.

L’autre activité au programme, c’était la visite de vergers atteint par le dessèchement du manguier. Et c’est un verger situé à quelques encablures de Bobo, sur la route de Bama qui a reçu la délégation. Un verger presqu’au bord du gouffre, tant il est attaqué. Une occasion pour les membres de l’ABC de constater de visu les réalités du fléau dans notre pays. Séance tenante, des branches ont été coupées afin de déterminer le degré de contamination des manguiers. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le problème est alarmant et mérite d’être pris à bras le corps.

Séance de coupe des branches afin de détecter l'ampleur du problème

De plus, l’ensemble des participants a visité le laboratoire de phytopathologie du Centre National de Spécialisation en Fruits et Légumes (CNS-FL), au sein de la Direction Régionale de Recherches Environnementales et Agricoles de l’Ouest (DRREA-O).

Pour finir le chapelet des activités, une rencontre a parmi aux différentes parties de présenter leurs structures respectives. Ainsi, le Chef de service Scientifique et Technique, Mr Seydou Sanou a, au nom du Directeur Régional, présenté l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA). L’Agence Brésilienne de la Coopération (ABC) a, quant à elle, donné un aperçu de l’Université Fédérale de Viçosa, avant de décliner le draft du projet sur le dessèchement du manguier.

De l’initiative de cette collaboration 

Dans le cadre de la lutte contre le dessèchement des manguiers, l’Agence Brésilienne de Coopération (ABC) a financé une mission technique en 2019. C’est le Dr Leonard Ouedraogo et le Dr Oumarou Z. Dianda, phytopathologistes, le Dr Alizeta Sawadogo, entomologiste, le Dr Hadja Oumou Sanon, représentant le Directeur de l’INERA, et M. Jean-Noël Lamoukri, Président de l’Association des Producteurs de Mangues du Burkina Faso (APROMAB) qui composaient la délégation de cette mission.

Ils ont pu visiter des sites de production de manguiers dans l’état de São Paulo, et l’Université Fédérale de Viçosa (UFV) dans le Minas Gerais où le Dr Oumarou Z. Dianda avait déjà séjourné plus tôt en 2018 dans le cadre du programme PARFAO. C’est alors que les bases d’un projet de recherche ont été posées pour établir l’étiologie de la maladie et mettre en place des moyens de lutte au niveau des vergers attaqués au Burkina Faso. 

Introduction sur le dessèchement du manguier

Le dessèchement du manguier est une maladie complexe et considérée comme un problème grave dans de nombreux pays producteurs de mangues. Habituellement rencontrée dans les pays à climat chaud, cette maladie a connu une progression un peu partout dans le monde suite au réchauffement climatique observé ces dernières années. Des études prospectives ont montré que de nombreuses régions productrices de mangues dont le Burkina Faso serait confrontées à cette maladie. Le dessèchement partiel ou total traduit ainsi les stades avancés de la pathologie.  De nombreuses études ont révélé des espèces de champignon responsable de la maladie dans divers pays. Des prospections phytosanitaires réalisées en 2015 par une équipe de phytopathologistes de l’INERA Farako-Bâ ont permis de constater l’explosion de cette maladie. Elle était présente dans toutes les localités prospectées sur toutes les variétés et accessions de tout âge. Des cas de fortes mortalités de manguiers ont été observés dans certaines zones de production du pays.

En attendant l’arrivée effective de ce projet, les chercheurs de l’INERA continuent de mener leurs recherches sur cette pathologie.

                           QUELQUES IMAGES DE CETTE VISITE