L’équipe niébé de l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA), a effectué, en collaboration avec le Forum Ouvert sur les Biotechnologies Agricoles (OFAB), des visites commentées sur les parcelles expérimentales de niébé. C’était du 23 au 24 octobre 2024 à kôro et Yabasso, et du 26 au 27 octobre à Toumousseni et Niangoloko. Les visites ont regroupé plusieurs participants composés de producteurs, du chef du département production végétale de l’INERA, du coordonnateur national du projet Niébé BT et des chercheurs intervenant dans le projet.
La photo de groupe des participants sur le site de Niangoloko
Avec pour objectif de déterminer et d’évaluer l’efficacité du niébé génétiquement modifiées en milieu réel, ces visites entrent dans le cadre des activités soutenues par la Fondation Africaine pour les Technologies Agricoles (AATF), avec la participation de l’Agence National de la Biosécurité (ANB), la Fédération Nationale des Agriculteurs Biotec (FENABIOTEC) et d’autres partenaires comme la société Neema du Faso « NAFASO ».
Le Niébé BT, le recours salvateur des producteurs
Le Niébé est la légumineuse à graine la plus cultivée en Afrique subsaharienne, en particulier dans les zones de savane aride à semi arides. Sa culture s’étend constamment et tend à atteindre divers pays de l’Afrique. Au Burkina Faso, le niébé est apprécié comme plat dans l’alimentation, mais il est aussi une source de revenus importante pour les producteurs. Malheureusement depuis quelques années, la culture du niébé est confrontée à des attaques d’insectes nuisibles qui peuvent occasionner des pertes de rendement allant de 20 à 80 %. Parmi les nuisibles du niébé, la foreuse de gousses, Maruca vitrata se présente comme l’insecte le plus redoutable. Face à ce ravageur, plusieurs méthodes de luttes ont été envisagées. Les insecticides de synthèse, sans être réellement efficaces, ont longtemps été utilisés dans la lutte contre la fourreuse de gousse. Malheureusement, cela à créer des sources de résistance naturelles chez ce dernier. Pour venir à bout de ce ravageur et aider les producteurs, il faut trouver des variétés améliorées résistantes aux agressions de la chenille. C’est dans ce sens, que la recherche s’est mise au travail. Un travail acharné qui a donné naissance à des variétés de niébé génétiquement modifié, communément appelée « Niébé BT ».
Une vue des participants de Niangoloko à la visite commentée ! |
Les avantages du Niébé BT…
Le niébé BT est un niébé transgénique dans lequel des gènes de résistance à la foreuse de gousses ont été transféré.. Selon le Dr Fousseni TRAORE, chef de département de production végétale à l’INERA « la technologie a consisté à prendre le gène de cette bactérie et à introduire dans le niébé de telle sorte qu’il soit capable de créer lui-même cette toxine afin de contrôler le ravageur ». « C’est une innovation qui permet de protéger efficacement la culture tout en réduisant l’usage des pesticides, souvent toxiques pour la santé et l’environnement », dira le Dr Hamadou Sidibé, point focal du projet OFAB. « Ces variétés ont été testés au laboratoire et leurs efficacités ont été démontré », selon M. Hervé Bama, ingénieur de recherche à la Direction Régionale de Recherches Environnementales et Agricoles de l’Ouest. « Avec l’autorisation de l’Agence Nationale de Biosécurité, nous sommes venus en milieu réel pour avoir l’avis des producteurs sur ces technologies », a-t-il soutenu.
Sur les sites d’expérimentation les participants ont pu observer trois variétés de niébé dont un témoin et deux variétés améliorées de cycle différent ayant reçu des gènes de la résistance au Maruca Vitrata. Environ une centaine d’acteurs de la chaine de valeur par site, ont pris part à ces visites, ce qui a permis de recueillir leurs avis sur les performances des lignées transgéniques et d’identifier celles répondant à leurs besoins.
Dans toutes les zones de production du niébé, les producteurs vivent quotidiennement les conséquences dévastatrices de Maruca Vitrata. Marie Sanou, productrice à kôrô fait cas des difficultés qu’elles rencontrent. « Chaque année je perds une grande partie de ma récolte à cause des chenilles ravageuses. J’utilise les pesticides mais ils ne sont pas aussi efficients comme on nous le fait croire » a-t-elle dit. Elle ajoutera, que « sur cette parcelle expérimentale on ne voit aucune trace de ravageurs sur les variétés ayant reçu de gêne » avant de terminer par une prière. « On prie dieu que l’Agence Nationale de la Biosécurité autorise dans un bref délai la vulgarisation de ces semences ».
Le même constat est dressé par Pierre Millogo, producteur à Yabasso « c’est au bout du désespoir que j’ai décidé de ne pas cultivé le Niébé cette année. Certes c’est une culture très rentable mais l’attaque des insectes ne nous permet pas d’avoir de bon rendement », a-t-il soutenu. Ce dernier estime qu’à force de pulvériser leurs champs, ils finissent par avoir des sols infertiles. « Après ce que j’ai vu dans la parcelle je suis favorable à l’adoption du niébé résistant à la foreuse de gousse. Ils seraient plus rentables et faciles à gérer », a-t-il conclu.
« Franchement, depuis que j’ai mis cette variété, je n’ai plus eu de problème avec les insectes. Le champ se présente vraiment très bien », soutient M. Léa Konaté, producteur à Toumousseni.
Les forces de défenses et de sécurités présents étaient intéressés par les trouvailles ! |
OFAB, en quelques lignes…
OFAB est une plateforme d’échange, qui permet de donner l’information scientifique juste, vrai et vérifiable, au monde de la recherche, aux étudiants mais aussi aux décideurs politiques, afin d’aider à la prise de décision. Présent dans dix pays, dont le Burkina Faso, OFAB est financé par la Fondation Africaine pour les Technologies Agricoles (AATF) et la fondation Bill and Mellinda Gate.
Dans la présente activité, la contribution de OFAB était, selon le Dr Hamadou Sidibé, de s’assurer que les producteurs connaissent la technologie mise au point, en leur permettant de voir et de faire leur choix. « Nous répondons à leurs questionnements et leur donnons l’information en ce qui concerne cette technologie », a-t-il ajouté, avant de terminer : « Nous cherchons à savoir, selon les producteurs, quels sont les points forts et les points faibles de cette technologie, afin de les corriger ou les améliorer, de retour dans les laboratoires ».
Les participants ont donné leurs avis
Djama KONE
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