Le vendredi 31 janvier 2025, une équipe du CRE-FL, de l’INERA/DRREA-O, accompagné des membres de l’APROMAB, était dans un verger de mangues à Banakélédaga, à quelques encablures de Bobo-Dioulasso. Elle a rencontré une dizaine d’acteurs intervenant dans la chaîne de valeur mangue notamment des producteurs, des vendeuses et des transformateurs de mangues.
Des captures de l'espèce Bactrocera Dorsalis !
Avec pour objectif d’échanger avec les participants sur les fléaux du dessèchement du manguier et les mouches de fruits, cette activité s'inscrivait dans le cadre d'un projet FONRID destiné au renforcement des capacités des membres sur la gestion des mouches de fruit et le dessèchement du manguier.
La saison de la mangue étant proche, il faut prendre les bonnes dispositions, si on veut avoir des fruits de bonne qualité. C’est pourquoi, les chercheurs du Centre Régional d’Excellence en Fruits et Légumes (CRE-FL), ont tenu à faire la restituions des activités menées pendant la saison dernière. Cette sortie leur a donc permis de présenter l'état d'avancement, c’est-à-dire de faire découvrir aux participants, les arbres qui étaient en souffrance et qui ont pu être régénérés.
Deux fléaux au cœur des activités…
Les causes du dessèchement du manguier sont nombreuses. Il peut provenir de la qualité du sol, du fait de l’homme, des microbes, etc, selon le Dr Oumarou Dianda, phythopatologiste au CRE-FL. « Mais les facteurs les plus courants sont les fortes températures, le stress hydrique, le manque d’apport de fertilisants, etc. D’autres facteurs secondaires existent également comme les insectes, les termites, les nematodes, le vieillissement et le manque d’entretien du verger », a ajouté le phytopatologiste. Un paquet technologique composés de produits de synthèse ont été évalué en 2018, dans le cadre d’un projet FONRID. Cela a permis de régénérer plus 50% des vergers. Pour prendre en compte tous les consommateurs, un autre paquet technologique bio a été développé, à base d’extraits de plantes et de compost bactéricide.
Le Dr Oumarou Dianda a conduit les essais sur le dessèchement du manguier
Les Mouches des fruits sont des insectes qui vivent dans la nature. Ils peuvent être dans nos cours, dans les vergers, dans les forêts, etc. Ces mouches sont à l'origine du pourrissement de nos fruits. Selon le Dr Karim Nebié, entomologiste au CRE-FL, 37 espèces ont été répertorié et 2 sont fréquemment retrouvées sur les mangues au Burkina Faso. Il s’agit de Bactrocera Dorsalis et Ceratitis Cosyra. Elles sont devenues de véritables prédateurs pour la filière et causent des pertes annuelles de 50 à 80 % des productions fruitières, engendrant des dégâts directs et indirects ainsi que des pertes économiques sur le marché des exportations en raison de leur statut d'insectes de quarantaine. Le pire, c’est qu’il existe beaucoup de plantes hôtes pour ces mouches, comme la goyave, les citrus, les fruits sauvages, etc.
L’ampleur du fléau est telle qu’il faut agir. Une gestion et une prévention efficaces de la mouche des fruits sont essentielles pour préserver la production de mangues.
Au niveau producteur, des méthodes de luttes sont utilisées, aux dires du Dr Nebié. Il s’agit entre autres, de la sanitation, du désherbage et du labour superficiel du verger. A côté de cela des appâts sexuels et alimentaires existent.
Et pour les amateurs du bio, deux produits ont été mis au point ; Mango Protect et l’Huile Essentiel. D’après le Dr Nebié, « Mango Protect », est un Appât alimentaire qui attire une dizaine d'espèces de mouches de fruits et « l’huile essentielle », un appât sexuel qui attire les mâles des mouches. « Ces produits ne contiennent pas de pesticides ni de contaminants. L’un est un appât alimentaire fait à base de produits locaux et l’autre un appât sexuel fait à partir d'une plante qui pousse naturellement », a ajouté l’entomologiste, le Dr Nebié.
Le Dr Karim Nebié en pleine présentation du piège pour "Manga Protect"
Pour les besoins de l’activité, les deux méthodes de lutte ont été utilisé en intégré et les résultats, présentés aux visiteurs du jour, étaient à la hauteur des attentes.
En rappel, cette activité a été possible grâce à un projet du Fonds National de la Recherche et de l'Innovation pour le Développement (FONRID) avec la contribution obligatoire de l'Association Interprofessionnelle de la Mangue du Burkina (APROMAB).
La photo de groupe de participants !
Flavienne Valérie SAWADOGO