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mercredi 13 juillet 2022

Les appâts alimentaires à base des déchets de levure : une technologie innovante de lutte contre les mouches des fruits inféodées à la mangue

Les producteurs des provinces du Kénédougou et de la Comoé en ont été témoins. Les formulations d’appâts à base de déchets de levure et d’extraits de plantes sont efficaces contre les mouches des fruits inféodées à la mangue. En compagnie d’une équipe composée de chercheurs de l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA), du Centre Écologique Albert Schweitzer (CEAS Suisse), du projet Système Régional Innovant de lutte contre la Mouche des Fruits en Afrique de l’Ouest (SyRIMAO), de la Direction de la Protection des Végétaux et du Conditionnement (DPVC), des Directions Provinciales en charge de l’Agriculture du Kénédougou et de la Comoé ainsi que de l’Association de l’Interprofession Mangue du Burkina (APROMAB), ces producteurs ont visité des vergers ayant servi de tests pour ces technologies. C’était le 1er juillet 2022 à Orodara, Bandougou et Mondon et le 2 juillet 2022, à Moussodougou.

Cette série de visites commentées a été organisée par des chercheurs de l’INERA et avait pour objectif de montrer aux acteurs de la filière mangue, notamment les  producteurs des  localités concernées, les résultats engrangés à l’issue de ces essais. Ce sont au total Soixante-quinze (75) producteurs, qui, malgré l’avancée de la campagne pluvieuse, ont quitté leurs champs, pour venir être témoin de cette innovation.

A Mondon, les producteurs sont sortis nombreux pour voir les résultats engrangés

Des résultats qui ont séduit l’ensemble des producteurs présents 

D’habitude, à cette période de l’année, les producteurs de mangues sont dans l’impasse. Deux alternatives s’offrent à eux : récolter précocement les mangues ou voir tomber chaque fruit, minute après minute ! Et très souvent, même récolter précocement, la plupart des mangues sont déjà infestées. Un état de faits qui rend vulnérables ces derniers, car leur production sera détruite plus tard, à l’exportation.

Les dégâts des mouches des fruits sont considérables chez les producteurs de mangues

« À chaque fois que je passais devant le verger de M. Djakaridja Hébié, je me demandais pourquoi il a toujours des mangues alors que toutes nos mangues sont tombées !», a laissé entendre un des producteurs. Une interrogation justifiée et qui trouve sa réponse dans l’utilisation des produits de lutte M3 et Invader utilisés seuls ou en combinaison. Cependant, l’accessibilité physique et financière de ces produits sur le marché demeure une forte contrainte. La nécessité de chercher des solutions locales n’est plus donc à démontrer. C’est pourquoi, l’équipe du projet a mis au point la technologie des appâts à base de déchets de levure associés aux extraits de plantes. Cette technologie a été expérimentée dans plusieurs vergers dont celui de M. Traoré à Moussodougou. Ce dernier est catégorique. La technologie a fait ses preuves. « L’année dernière à cette période, je n’avais plus de mangues dans mon verger », a-t-il souligné. À l’entendre, les preuves sont palpables.


 Et le représentant du coordonnateur du Centre National de Spécialisation en Fruits et Légumes (CNS-FL), le Dr Timbilfou Kiendrebéogo de renchérir que c’est une utilisation de produit biologique à base d’essences naturelles.  « Des solutions qui sont de plus en plus recherchées pour préserver la santé des populations », a-t-il ajouté.

Un aperçu des mouches capturées !

 

En rappel, deux grandes activités étaient programmées dans ces visites commentées.

Il s’agit d’abord, de celle mise en place dans le cadre du projet SyRIMAO, dont l’objectif était d’inciter les producteurs à adopter les bonnes méthodes de gestion intégrée des mouches de fruits afin de contribuer à améliorer la productivité des vergers de manguiers.

Et enfin, celle qui entrait dans le cadre du partenariat entre l’INERA et le CEAS Suisse. Elle a porté sur la recherche d’alternatives de lutte contre les mouches de fruits par la mise au point de solutions innovantes plus accessibles aux petits producteurs de mangues, en collaboration avec la Brasserie du Burkina (BRAKINA). Cette recherche-action-développement est également soutenue par l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), le projet SyRIMAO et l’USAID. « Elle vise à trouver une alternative de lutte contre les mouches des fruits à travers la valorisation de nos ressources locales, notamment l’utilisation des déchets de brasserie et des extraits de plantes », a souligné Dr Karim Nébié, Coordonnateur du projet.


Le Dr Karim Nébié espère ainsi valoriser les ressources locales dans cette lutte !

 

Cette initiative saluée à sa juste valeur par le coordonnateur-Représentant du CEAS Suisse, M. Modeste Bationo, permettra de garantir l’accessibilité des petits producteurs aux biopesticides, pour lutter contre les mouches de fruits qui occasionnent des pertes énormes sur la production de mangues. Et les producteurs de mangues des Cascades et du Kénédougou se disent prêts à adopter la technologie pour protéger leurs vergers de manguiers.

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